Archives de la Catégorie 'Fourre-tout'

Ski dans les Alpes

par *V* ~ Dimanche 15 mars 2015

En cet hiver 2014-2015, nous n’avons pas eu beaucoup de temps pour sortir en montagne. Désireux de découvrir un jour les joies du ski de rando, nous avons essayé de nous perfectionner avant cela en ski de piste. Après une journée en début de saison à Val Thorens (honte à nous qui avons horreur des stations usines), nous avons passé 2 jours dans les Aravis début janvier, autour du Grand Bornand et de la Clusaz.

Un week-end en famille dans le Vercors a été l’occasion d’une courte balade en raquettes près de Lans-en-Vercors avec des couleurs incroyables au coucher du soleil, puis d’une journée de ski dans la purée de pois et la neige fraîche à Autrans.

Nous avons profité ensuite des largesses du comité d’entreprise pour une journée à Valmorel et St François Longchamp.

Enfin, nous avons terminé la saison par un long week-end dans le Beaufortain, entre les Saisies et les Contamines-Montjoie, cette dernière station étant notre coup de cœur de la saison : ni trop grosse, ni trop petite, différents secteurs mais pas de morceaux de liaison « ennuyeux » et bien sûr une vue 4 étoiles sur le Mont Blanc.

Ci-dessous quelques photos de cette saison. Promis, on essayera bientôt de quitter les stations mécanisées pour des balades plus naturelles et plus respectueuses du paysage ;)

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photo montagne alpes ski raquettes lans vercors autrans

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Fourgon aménagé

par *V* ~ Dimanche 27 octobre 2013

Depuis longtemps nous rêvions secrètement de pouvoir dormir dans la voiture. Liberté absolue de se poser où on veut, quand on veut, au gré de nos escapades.
Le cahier des charges est simple : nous voulons un modèle pas trop gros afin de pouvoir rouler facilement sur les routes de montagne, pas trop haut afin de rentrer dans tous les parkings, et surtout discret afin de pouvoir dormir n’importe où.
A l’automne 2012, après plusieurs mois de réflexion et de recherches, nous voilà enfin propriétaires d’un petit fourgon ! Le modèle : Fiat Scudo (modèle équivalent à un Jumpy ou Expert), 4 ans, 100 000 km au compteur. C’est un L2H1, c’est à dire légèrement plus long que le modèle de base. Ce n’était pas dans notre cahier des charges, mais finalement les quelques centimètres en plus nous rendrons bien des services.

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fourgon scudo amenage amenagement

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Première bonne surprise, il rentre dans le garage au centimètre près. On trouve vite un surnom à notre bébé : ce sera Scubido.

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A présent, à nous de l’aménager ! Le site Trafic Aménagé est pour cela une mine d’informations. Je dois avouer que Monsieur a fait une grosse part du travail ;-)
Le fourgon est en excellent état à l’extérieur. On ne peut en dire autant de l’intérieur malheureusement… Les anciens propriétaires étaient une entreprise de nettoyage, on peut parier que quelques litres de produits corrosifs ont suinté par terre…

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On commence par démonter la séparation entre la cabine et l’arrière, puis on prend notre courage à deux mains, et on frotte longtemps… très longtemps, à la brosse métallique. Une fois la couche de rouille enlevée, l’intérieur est déjà plus présentable.

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On applique ensuite deux couches de peinture blanche anti-rouille. Voilà donc un joli intérieur, presque comme neuf. Mine de rien cette première étape nous a déjà occupé 2 semaines.

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Ensuite c’est l’heure de la douloureuse : un voyage chez le Roy Merlin l’enchanteur, et nous voilà délesté de quelques centaines d’euros en échange de pas mal de planches et autre matériel de bricolage. On en profite au passage pour tirer quelques gaines électriques : une au milieu près du conducteur, et l’autre à l’arrière. Pour l’instant cela ne nous servira pas, mais sait-on jamais…

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Bon, c’est bien mignon d’avoir fait de la jolie peinture blanche, mais il va falloir recouvrir tout ça. Prochaine étape : mission isolation et coffrage. C’est THE gros morceau, la bête noire. Même si on ne compte pas chauffer le camion, il faut quand même isoler au mieux afin d’éviter les courants d’air et la condensation.
Tout d’abord, on colle des tasseaux à la colle polymère Bostik directement sur la carrosserie.

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Pendant que la colle sèche, on prépare l’isolant multicouche et les planches de contreplaqué qui viendront par-dessus. L’isolant sera agrafé sur les tasseaux, et les planches vissées sur les tasseaux à travers l’isolant. Premier piège à éviter : ne pas oublier de découper et percer les planches AVANT d’avoir mis l’isolant, sinon il est ensuite impossible ou presque de retrouver les tasseaux pour y fixer les planches… Ce genre de fourgon petit modèle est un vrai casse-tête pour la découpe : aucun angle droit, aucune ligne parallèle, la découpe des planches prend donc de nombreuses heures… Il nous faudra un week-end de travail pour le sol, et autant pour chaque côté, chaque porte, le plafond etc… Bref, deux mois d’efforts ! Heureusement, on aime bien bricoler dehors les week-ends par -5°C sous la neige…

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Petite astuce : laisser l’isolant dépasser des planches pour bien faire la liaison entre le sol et les murs, afin de limiter les ponts thermiques.
Encore des tasseaux sur un mur…

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… et des tasseaux sur l’autre mur, on ne s’en lasse pas…

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C’est ainsi équipé que l’on part pour quelques jours en montagne à l’automne. Le fourgon franchit le col du Lautaret à bonne allure, on est contents ! Le plafond, la porte latérale et les portes arrières ne sont pas encore isolées. Premier constat : le matelas et la couette c’est confortable, mais la tôle condense énormément ! Au matin, on est complètement trempés par l’eau qui dégouline du plafond. Le lendemain matin, la condensation ne coule pas, et pour cause il a gelé pendant la nuit… Mais à peine le réchaud allumé (quelle erreur !), tout dégèle d’un coup, et c’est la douche glacée…

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C’est donc décidé, il va falloir réfléchir sérieusement à l’aération avant de continuer les travaux. On perce deux ouvertures pour mettre des grilles : une à l’arrière en haut, une sur le côté relativement en bas de la carrosserie. De cette manière, on est sûrs que l’air circule au mieux dans le fourgon. Percer la carrosserie de la voiture est une tâche un peu angoissante, pas le droit à l’erreur ! Pour la porte latérale qui est assez épaisse, on décide de bricoler une petite conduite d’air, afin d’éviter que l’air froid ne rentre dans l’épaisseur de l’isolant. Bien galère à mettre, heureusement qu’on avait 4 mains…

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Pour la porte arrière c’est moins compliqué même si les découpes sont là aussi fort nombreuses.

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Il ne reste plus que le plafond. Rebelote : tasseaux, isolant, coffrage.

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Après la pose d’un sol plastique (moche mais on s’en fout) afin d’éviter de tout pourrir, deux couches de vernis pour protéger les planches, et voilà le gros œuvre enfin fini pour Noël !

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On bricole ensuite un sommier « peigne » permettant d’utiliser un matelas de clic-clac en mode canapé ou en mode lit.

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On part ainsi en Toscane à Noël, et on peut constater que l’isolation et le coffrage sont bien plus efficaces que lors de notre dernière virée ! Certes, sans chauffage, il fait vite froid, mais on est bien protégés du vent, et l’intérieur reste bien sec.
On fait une petite pause durant l’hiver, car bricoler dans le froid, c’est quand même difficile ! Au printemps, on reprend nos efforts pour l’aménagement intérieur. C’est plus fun, et ça va beaucoup plus vite que l’isolation.

Notre souhait : quelque chose de simple, rapide à monter et à démonter pour manger et dormir dans le fourgon. On désire également disposer d’un volume suffisant de rangement pour pouvoir partir pendant plusieurs semaines avec tout le matos de rando, escalade, alpinisme, photographie, voyage…
Au menu de cet aménagement : monter le sommier sur pieds et faire un grand placard sur le côté qui nous servira également de table à manger. Sur le côté du meuble, on installe un petit porte-manteau, indispensable pour pendre les vestes de rando mouillées… Pour les soirs de camping, on dispose d’une petite table et de deux chaises pliantes pour dîner dehors si la météo le permet. Sous le lit, on installe 4 grandes caisses pour ranger toutes les affaires : vêtements, matériel de montagne et de photo etc. Sur les portes arrière, on fixe des pochettes pour avoir du bazar à portée de main, surtout pratique pour la nuit. Au fond, une tringle et un rideau sont placés afin d’isoler les deux parties du fourgon, tout en gardant quand même un accès facile à l’avant si on veut placer quelques affaires sur les sièges.

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Le haut du placard nous sert de cuisine et de garde-manger. On a vraiment la place pour mettre de la nourriture en quantité suffisante pour plusieurs jours d’autonomie. Au passage, il faut réfléchir à une fermeture qui supporte d’être secouée dans les virages sans s’ouvrir ! Après avoir fait la désagréable expérience de renverser la cafetière (sale et pleine de marc de café évidemment) sur le lit en pleine conduite, on a écumé les rayons de magasins de bricolage pour trouver un système costaud…

fourgon scudo amenage amenagement

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Le bas du placard est séparé en deux parties : un rayonnage pour mettre encore un peu de bazar et qui fait office de table de nuit, et la partie basse où l’on range nos chaussures de randonnée boueuses ! Du tissu antidérapant permet de bien maintenir tous les objets sur le rayon, même lors de la conduite.

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Il nous reste même un peu de place pour installer un petit évier, le luxe ! Ce n’était pas prévu, mais finalement c’est bien pratique pour pouvoir faire un brin de vaisselle. L’évier est une simple gamelle de chien, percée. Deux bidons servent l’un de réserve d’eau propre, l’autre pour stocker l’eau usagée. Un système de pompe à pied alimente un petit tuyau, pratique pour avoir les deux mains libres tout en faisant couler l’eau comme à la maison ! On cache les bidons par un petit torchon placé devant. Le robinet a été mis sur le côté extérieur de l’évier, et peut facilement pivoter, afin de remplir des grosses gourdes ou casseroles qui ne passeraient pas dans l’évier.

fourgon scudo amenage amenagement

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Enfin, du côté avant, il nous reste de la place pour mettre encore une glacière (pouvant se brancher sur l’allume-cigare, bien pratique !), et une grande caisse pour le matériel qui ne rentrerait pas sous le lit (sacs à dos de montagne notamment). C’est la version L2 du Scudo qui nous permet de grappiller ces quelques centimètres pour pouvoir mettre la glacière, et il faut avouer que là encore c’est bien pratique pour gagner en autonomie et en confort. Au passage, des tendeurs au plafond et quelques pinces à linge sont les bienvenus pour faire sécher la lessive des vacances. On investit aussi dans un petit extincteur au cas où…

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Et voilà notre fourgon terminé ! A l’usage, on est vraiment ravis, il n’y a rien à changer !
Seuls projets pour l’an prochain : bricoler un petit auvent pour pouvoir garder la porte ouverte même quand il pleut, et finir de décoller les moches autocollants de l’ancien propriétaire. Et si le budget le permet, dans un monde parfait, changer la banquette conducteur et passager par de « vrais » fauteuils plus confortables pour les longs trajets !

Pour finir, quelques souvenirs de nos virées en avec Scubido cette année : dans les Cerces et les Ecrins à l’automne, une belle boucle en Toscane à Noël, un « Scubivouac » frisquet sur un parking de Bourg d’Oisans en plein hiver, une très jolie virée en Bretagne et Normandie au printemps, quelques week-ends d’escalade, des dodos tardifs les soirs de mariage en juillet, puis enfin nos superbes 3 semaines de vacances dans les Alpes entre Savoie et Dolomites !

fourgon scudo amenage amenagement

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Trail Gargomançois

par *V* ~ Dimanche 6 octobre 2013

Afin d’acquérir et conserver un peu plus de forme physique, je m’étais mise à la course à pied au printemps. L’idée était surtout d’avoir suffisamment « la caisse » pour aborder sereinement quelques courses d’alpinisme cet été. Seulement, quand on habite un petit village du Forez, les routes goudronnées ne sont pas nombreuses. La plupart du temps, je suis donc allée courir sur des sentiers (rarement plats…), ce qui était plutôt fort agréable, même le soir en semaine après le travail.

Et puis on se prend au jeu et puis on se dit qu’on s’inscrirait bien à une petite course, histoire de se tester, et surtout de rester motivé jusqu’à l’automne.

Début octobre se déroulait le trail Gargomançois à Saint Maurice en Gourgois, tout près de la maison. Deux courses sont proposées : un 28 km bien costaud (1200 mètres de dénivelé positif bien raide) et un 12 km plus léger (400 mètres de dénivelé). On opte pour le second parcours. Le tracé est bien varié, bien sauvage la plupart du temps, même si l’essentiel de la montée se fait sur la seconde moitié du parcours ! La météo n’était pas au top, on aura même eu droit à quelques gouttes, mais l’ambiance était fort sympathique. Au final la montre GPS annonce 12,6 km mais on finit pas trop cuits, et contents d’avoir terminé la course en se faisant plaisir !
Bref, une expérience à recommencer.

Pour finir, quelques photos prises en courant durant de cet été près de la maison. On a connu plus désagréable comme cadre pour s’entraîner.

photo forez auvergne loire haute-loire

photo forez auvergne loire haute-loire

Tremblement de terre à Sendai

par *V* ~ Vendredi 11 mars 2011

A part si vous habitez dans une grotte, vous avez certainement entendu parler de l’énorme séisme qui a frappé le Japon. La ville de Sendai, où j’avais passé quelques mois en 2009 semble être une des plus touchées.

Nous sommes absolument sans nouvelles de tous nos collègues et amis japonais à Sendai, ainsi que deux 2 post-doctorants & amis français en séjour sur place, plus 1 doctorant du labo. La ville semble coupée du monde. Toutes nos pensées vont vers eux, en espérant avoir des nouvelles rassurantes au plus vite.

Si vous avez des nouvelles des habitants de Sendai et plus particulièrement des gens de l’université de Tohoku, vous pouvez appeler la cellule de crise du Ministère des Affaires Étrangères au 01 43 17 56 46. Nous avons déjà ouvert des « fiches » au nom des français dont nous sommes sans nouvelles. Pour les ressortissants français au Japon, la cellule de crise de l’Ambassade de France est joignable au 0081 (03) 5798 6000. Je ne connais malheureusement pas les coordonnées de l’organisme chargé de recenser les personnes de nationalité japonaises disparues. Vous pouvez également laisser toute information en commentaire de cet article, sait-on jamais.

D’un point de vue plus personnel, j’espère que cette catastrophe connaîtra une fin moins dramatique celle d’Haïti. J’ai l’impression de revivre le cauchemar d’il y a 14 mois… La seule pensée qui me rassure est que je connais bien la réaction et le calme légendaire des japonais face aux séismes. Ayant vécu un séisme de magnitude 5 et quelques lors de mon séjour au Japon, je ne peux qu’imaginer l’horreur que doit être une secousse de 8.9. Mais alors que je devenais blanche comme une morte à chaque secousse, mes collègues eux, restaient de marbre, prêtant à peine attention aux tremblements très fréquents dans ce pays. Pour les japonais, un tremblement de terre, c’est un peu comme une grosse pluie ou un bon coup de mistral chez nous. Ça peut mal tourner, mais on n’y peut rien, alors autant garder son calme pour se protéger correctement des risques naturels.

Encore une fois, toutes nos pensées sont là-bas. Nous avons fait tout notre possible pour joindre amis et collègues sur place, sans résultats pour l’instant. Maintenant, il ne reste plus qu’à croiser les doigts en attendant que les communications soient rétablies.

japon matsushima cerisier fleurs sakura cherry blossoms

Photo d’illustration : Cerisiers en fleurs à Matsushima, à quelques kilomètres au nord de Sendai, avril 2009. Hanami n’aura pas la même saveur cette année, au pays du Soleil Levant…

Désolé pour ce message assez personnel et sans doute un peu décousu, écrit à chaud.

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EDIT du mercredi 16 mars:

Après plusieurs jours d’attente et d’angoisse, nous avons enfin eu des nouvelles de tous nos amis & collègues japonais et français sur place. Les premières nouvelles rassurantes sont arrivées un peu plus de 24h après le séisme, et les dernières personnes manquant à l’appel ont enfin répondu au bout de 5 jours.
Le tremblement de terre a été terrible, mais les bâtiments ont tenu le coup. En revanche, l’intérieur des labos est totalement en vrac, les machines se sont brisées en tombant au sol etc. Une bonne partie de l’université du Tohoku est située sur la montagne, à quelques kilomètres de la mer, donc à l’abri des tsunamis. Le centre-ville de Sendai a également été épargné par le tsunami. Heureusement que le séisme a eu lieu durant la journée de travail, sinon le bilan aurait pu être beaucoup plus lourd…
Les français, inquiets par les évènements à la centrale de Fukushima, ont pour la plupart réussi à quitter Sendai, non sans difficultés. Les premiers ont rejoints la France aujourd’hui, après un long et compliqué périple. La plupart des autres français sont encore en attente d’un avion dans des aéroports tels que Tokyo ou Osaka, mais se sont éloignés de cet enfer, ce qui est le plus important, et un grand soulagement. Nous suivons leurs aventures heure par heure, par téléphone, Internet etc., en essayant de leur donner le peu d’informations dont nous disposons et qui pourraient leur être utiles.
La ville de Sendai et la région de Miyagi de manière générale sont encore isolées. Les communications sont encore difficiles, que ce soit téléphone, Internet ou les transports. L’aéroport est détruit ainsi que les lignes de train, la plupart des routes sont coupées ou sont réservées à la circulation des secours et des « officiels ».
Même si nous sommes soulagés pour les français qui ont pu quitter le secteur, nos pensées sont évidemment toujours avec nos collègues japonais qui eux n’ont pas la chance de pouvoir quitter le pays. Quelques-uns sont sans nouvelles de leurs familles, restées sur la côte au moment du tsunami… De notre côté, c’est terrible d’être si loin et de pouvoir faire si peu de choses… La solidarité s’organise au travail du mieux possible. Nous n’avons pas beaucoup dormi depuis 6 jours. Nous pensons sans cesse à ces paysages qu’on a admirés et qui ont disparu, aux gens sur place, coincés avec cette menace si proche…

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EDIT du lundi 11 avril :

Un mois s’est écoulé.
En France comme au Japon, on essaye de reprendre un train-train quotidien, de s’organiser pour aider du mieux possible, malgré la distance. Et on pense à ce jour terrible… un mois déjà.
Et il y a deux ans, je posais pour la première fois le pied à Sendai. Ville que j’allais durant quelques temps nommer : « chez moi », et dont je partirai non sans tristesse, en y laissant un bout de mon âme, avec la ferme intention de revenir un jour y travailler…
On ne sait pas quand Sendai reprendra une vie normale. On ne sait même plus si la « normalité » pourra revenir un jour dans la région.
On ne sait pas si on retournera là-bas un jour, manger du gyutan assis par terre au restaurant, admirer les pins de Matsushima, partager un repas sous les cerisiers en fleurs de Sendai, se balader sous les immenses bonsaï Zelkova bordant Aoba-dori et Jozenji-dori, boire un verre de Asahi, de Kirin ou de Sapporo dans Kokobuncho après le travail ou contempler le coucher de soleil sur la ville depuis Aobayama en sortant d’une longue journée de travail…

Alors que la Terre entière bataille pour savoir si le taux de radiation à Tokyo est plutôt de 0,10 µSv/h ou 0,11 µSv/h, nous pensons plutôt à nos collègues de Sendai et des régions rurales du nord de l’île qui ont perdu leur famille, à ceux restés avec des enfants sur place, à ceux dont la maison a été détruite. Nous pensons aux jeunes enfants et aux personnes âgées qui doivent affronter la rigueur d’un hiver qui n’en finit pas, alors que l’électricité et l’eau courante sont encore intermittentes.
Nous aimerions que les médias parlent un peu moins de Tokyo, et un plus des villes comme Sendai et des villes plus au nord : Higashi-Matsushima, Minamisanriku, Ishinomaki, Onagawa et la jolie presqu’île d’Oshika, Kesennuma… ainsi que les villes au sud : Natori, Soma, Watari, le lac de Torinoumi, dans lequel se jette une rivière près de laquelle nous avions célébré Hanami sous les cerisiers en fleurs, cette même rivière qui traverse une ville au nom désormais tristement célèbre : Fukushima….
La région du Tohoku, rurale et agricole, peu connue des touristes étrangers (en 2 mois à Sendai, le nombre d’étrangers que j’ai croisé sur place doit se compter sur les doigts d’une seule main), vit encore une fois en décalage avec les grandes métropoles de la moitié sud du pays. Les journalistes se préoccupent de savoir si l’électricité sera coupée ou non dans les grands magasins de Shinjuku ou Shibuya (quartiers de Tokyo), mais bien peu sont ceux qui sont allés voir de leurs propres yeux les villages de pêcheurs rasés au nord de l’île passé les premiers jours.

Cependant l’heure n’est pas à la critique stérile ni à l’étalage des chiffres. Nous aimerions aller de l’avant et surtout que l’on n’oublie pas les gens qui ont vraiment été touchés (parmi lesquels il serait bien, par respect pour les habitants des villes côtières du Tohoku, que l’on arrête d’inclure les tokyoïtes… Tokyo n’a pas vraiment été touchée, à part quelques bonnes secousses et des perturbations dans les transports… rien à voir avec les villes rasées du Nord).

Les cerisiers vont bientôt fleurir à nouveau dans le nord de Honshu, le printemps va se réveiller… Souhaitons que la vie des habitants du Tohoku recommence également.


仙台
東北
日本
覚える

Ganbaru Tohoku !
Ganbaru Sendai !
がんばるう東北 !
がんばるう仙台 !

Les puristes voudront bien pardonner mon écrit japonais rouillé, et mon artistique mélange entre kanji, hiragana et romaji…

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EDIT du 11 juillet :

Quatre mois. Quatre mois depuis que la vie a changé dans les villes côtières de Miyagi et du Tohoku.
Il y a quelques jours de cela, mon chef japonais est venu en France pour une brève visite. Instants d’émotion, de revoir quelqu’un dont on est restés sans nouvelles près d’une semaine. Les conversations ont évidemment rapidement tourné autour des évènements du 11 mars. Difficile de savoir la « vérité » avec un japonais et sa réserve naturelle. Cependant, on a senti dans son attitude, son regard, ses paroles, que quelque chose avait changé. Plus de gravité, moins d’insouciance. Le 11 mars, ce n’est pas que Fukushima… C’est avant tout un mur d’eau qui a tout emporté sur son passage. Pas seulement une centrale nucléaire. Mais aussi des maisons, des gens, des vies. Il n’y a eu très peu de blessés. Le tsunami n’a laissé aucune chance aux habitants ; ils sont soit morts, soit vivants. Classement binaire…

La thèse tue

par *V* ~ Vendredi 22 janvier 2010

Y’a des jours comme ça…
Des jours où rien ne va au boulot et où vous maudissez le monde, en mode « caliméro ».

Et puis vous rentrez chez vous. Et après plusieurs jours d’attente, entre angoisse et espoir, vous apprenez le probable décès d’un collègue thésard dans le séisme en Haïti (même si il reste encore un soupçon d’espérance pour ceux qui croient aux miracles). Alors qu’il aurait pu ne pas être dans sa maison au moment du tremblement de terre, mais dans la rue ou dans un autre bâtiment qui a tenu le coup…

Alors vous relativisez vos soucis de travail, car la personne écrasée sous sa maison, ça pourrait être vous.
Après tout, il y a quasiment un an jour pour jour, on avait bien passé une soirée à dire des bêtises comme quoi lui allait mourir d’une balle perdue dans les bidonvilles de Port-au-Prince, et moi allais mourir dans un tremblement de terre au Japon. Quelle ironie. Insouciants que nous étions…

La thèse, c’est tuant. Parfois au sens propre du terme.

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