Archives de octobre 2011

Un labo photo… à Dijon

par *V* ~ Dimanche 9 octobre 2011

Nouveau job, nouvelle ville, c’est désormais à Dijon que ça se passe. Et hop, encore un déménagement au compteur. Puisque je n’avais pas déménagé en 2010, alors il me fallait bien déménager deux fois en 2011, histoire de maintenir la moyenne ! (moyenne qui s’élève, rappelons-le, à très exactement 1.8 déménagement par an – statistiques de 2006 à 2011… Je ne sais pas s’il vaut mieux en être fière ou avoir honte !). Heureusement, on a toujours autant d’amis et de famille pour nous aider à porter les meubles (merci à eux !). Et pourtant, les affaires sont de plus en plus nombreuses au fil des ans : de la simple valise, il a fallu passer à la voiture puis à la camionnette, et dernièrement au camion de 20m3

Mais trêve de blablaterie. Qui dit nouvel appartement dit… nouveau labo photo bien sûr !
Après le labo photo dans la cuisine, voici donc le labo photo dans la salle de bain, aménagé à moindre coût. Précisément 0€ puisqu’on a fait de la récup de meubles et chutes de planches :

  • une table avec pieds réglables en hauteur passée sur le lavabo, pour y mettre l’agrandisseur et le petit bazar (papiers, ciseaux, métronome-compte-pose etc.).
  • quelques planches posées en travers de la baignoire pour les cuvettes (merci Leroy Merlin).
  • la tringle à rideau de douche pour accrocher la lampe rouge (simple feu de VTT)
  • et voilà !

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photo argentique agrandisseur labo laboratoire

Ce labo est bien plus petit que notre ancien labo-cuisine, mais il se révèle finalement assez fonctionnel. Plus besoin d’occulter la fenêtre pour être dans le noir. De plus, l’avantage d’avoir une petite pièce, c’est qu’on n’a pas besoin de faire des kilomètres à pieds pour aller de l’agrandisseur aux cuvettes… et au bout d’une journée de tirage, ça finit par compter ! On a juste assez de place pour poser tout le petit bazar sans se sentir trop à l’étroit. Bref, un petit labo où il fait bon passer un dimanche pluvieux. Ça nous promet de belles séances pour cet hiver.

Prochains investissements : un compte-pose, car le métronome c’est pratique mais le bip-bip finit par faire mal à la tête ;) Et aussi un margeur afin d’avoir enfin des bords nets et d’arrêter de s’embêter avec le papier photo qui gondole et qui est toujours de travers ;)

Révélateur au café

par *V* ~ Jeudi 6 octobre 2011

Désireuse de m’amuser un peu plus en photographie argentique, j’avais envie de me lancer dans les procédés plus ou moins alternatifs et le « fait maison ». Et oui, le labo-maison-salle-de-bain ne me suffit plus, j’ai donc décidé de fabriquer mes propres produits !
Pour ce premier essai, je me suis lancée dans un grand classique : le révélateur au café vitaminé salé (tout ça à la fois). On le trouve aussi sous l’appellation de Caffenol C (Caffénol comme café et C comme vitamine C). On trouve des dizaines de recettes sur Internet. J’ai joué la prudence en essayant la technique qui semble la plus commune. Ce qui m’a plu dans ce révélateur, c’était surtout de le fabriquer à partir de produits de la vie de tous les jours, une grande simplicité de préparation et un côté assez magique !
Voici un résumé (ahem, pas très synthétique) de mon mode opératoire, et de différentes informations trouvées sur le net.

La recette de la soupe en question :
Pour 1 litre d’eau :

  • 40 g de café soluble premier prix
  • 108 g de carbonate de sodium hydraté, sorte de « lessive » bio
  • 16 g de cachets de vitamine C effervescente à 500 mg, soit environ 6,5 cachets
  • 10 g de sel iodé

Le café est du café soluble instantané en granulés (plus facile à dissoudre que le café classique et pas cher). Certaines personnes reportent que la recette ne fonctionne pas si on utilise du café classique en poudre, à moins d’utiliser de l’eau filtrée chaude. D’autre part, le café robusta serait plus efficace que le 100% arabica, donc inutile de se ruiner avec du café haut de gamme, bonne nouvelle ! Attention, ne pas utiliser de décaféiné, qui serait inefficace. C’est le café qui va jouer le rôle de révélateur. Les substances actives sont probablement des réducteurs tels que l’acide caféique ou acide chlorogénique ; on trouve des variantes utilisant du thé à la place du café.

Le carbonate de sodium (Na2CO3) est couramment nommé « cristaux de soude« . On en trouve au rayon lessive de n’importe quel supermarché. Attention, ce n’est pas du bicarbonate de soude ni de la soude caustique, ni de la lessive de soude !
La plupart des sites américains proposent des recettes avec deux voire trois fois moins de carbonate de sodium, pour la bonne raison que celui-ci est en général vendu sous forme de poudre anhydre (= sans eau), alors qu’on le trouve en France sous forme de cristaux hydratés (Na2CO3,10 H2O) donc moins « concentrés », d’où la nécessité d’augmenter les doses. Pour respecter scrupuleusement les quantités il faudrait tenir compte d’un facteur 2,7 entre le carbonate de sodium anhydre et le carbonate de sodium décahydraté (simple rapport entre les masses molaires pour ceux qui voudraient s’amuser à vérifier le chiffre).
Problème : l’hydratation des cristaux de soude peut cependant changer au cours du temps et d’une marque à l’autre, ce qui peut nuire à la reproductibilité des résultats. Apparemment le carbonate de sodium monohydraté utilisé pour l’entretien des piscines serait la forme la plus stable. Sinon, on peut toujours faire sécher nos cristaux de soude à l’air pendant quelques jours. Bref, autant de possibilités à tester.
Quoi qu’il en soit, le carbonate de sodium est là pour rendre la solution plus basique et permettre au révélateur d’agir.

L’acide ascorbique se trouve en poudre ou dans les cachets de vitamine C trouvables en pharmacie. Il permet d’accélérer le développement en s’ajoutant au rôle du café. Certaines personnes se passent de vitamine C et compensent en augmentant la durée de traitement dans le révélateur.

Le sel iodé est facultatif mais permet apparemment de limiter le voile sur les négatifs que créé parfois ce développement. Le sel classique fonctionne aussi, mais il faut augmenter les doses. Le top du top est d’acheter du bromure de potassium, plus efficace, mais moins facile à trouver en grand magasin.

En résumé, c’est amusant de pouvoir trouver tous les produits au supermarché du coin. C’est un révélateur relativement « écolo ». En revanche, il ne revient pas forcément moins cher que les produits Kodak ou Ilford du commerce étant donné le prix de la vitamine C. Peut-être peut-on économiser un peu en achetant directement de l’acide ascorbique « pur ». Mais encore une fois, ce qui me plaisait surtout dans cette expérience, c’était le fait de préparer le révélateur avec des produits de la vie de tous les jours.

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photo argentique procedes alternatifs revelateur cafe caffenol



La préparation :
*Attention, la prof de chimie vous parle* : toujours verser le carbonate de sodium progressivement dans l’eau, et non l’inverse (remarque valable pour tous les produits chimiques de manière générale). La réaction est légèrement exothermique (c’est-à-dire qu’elle dégage de la chaleur) donc bien utiliser de l’eau froide ou à température ambiante. Le carbonate de sodium n’est pas très agressif, mais comme beaucoup de produits chimiques, il vaut mieux le manipuler avec des gants et faire attention aux yeux. Fin du cours de chimie.

L’ordre dans lequel on mélange les ingrédients n’a pas beaucoup d’importance, mais la dissolution de tous les éléments peut prendre du temps. Après un petit test, je me suis aperçue que la vitamine C se dissolvait plus facilement dans un mélange sans café. J’ai donc fini par procéder de la manière suivante : dissolution du café dans un récipient d’une part, dissolution du carbonate de sodium + vitamine C + sel dans un autre récipient d’autre part, puis mélange des deux sauces.

Ce révélateur se détériore très rapidement, il est conseillé de le préparer au dernier moment et l’utiliser dans les 30 minutes suivantes.

Petit aparté concernant la vitamine C : beaucoup de recettes préconisent non pas 16 g de cachets, mais 16 g de vitamine C « pure » (acide ascorbique). Sachant qu’un cachet pèse 2,5 g mais contient seulement 500 mg de vitamine C, ça me faisait donc mettre 32 cachets pour 1 litre de révélateur ! J’ai donc commencé par utiliser cette quantité. Inutile de dire que ça a tellement moussé que j’ai failli organiser une soirée mousse dans ma cuisine !!! Au bout de 30 minutes, les cachets n’étaient toujours pas dissous… J’ai donc jeté le tout (désolée pour le gâchis) et recommencé, en utilisant non pas 16 g de vitamine C, mais 16 g de cachets par litre de révélateur, soit environ 3,25 g de vitamine C par litre de révélateur. C’est du pifomètre. Si quelqu’un connaît la recette, je veux bien qu’il m’éclaire sur ces histoires de quantité de vitamine C pure / quantité de cachets.

Anecdote : le café sent bon, la vitamine C sent l’orange, le carbonate de soude ne sent rien, et pourtant le mélange final possède une odeur assez infâme. Nez sensibles s’abstenir !

photo argentique procedes alternatifs revelateur cafe caffenol


Le développement proprement dit :
Rien de très particulier, on retrouve les même grandes étapes classiques qu’avec un révélateur du commerce.

  • Prémouiller le film à l’eau pendant une dizaine de minutes, afin de bien préparer l’émulsion et que le révélateur puisse donc agir dès le début. Cette étape est d’autant plus importante que ce révélateur n’est pas très stable dans le temps, donc autant qu’il agisse tout de suite.
  • Révélateur : j’ai choisi une durée de 15 minutes à 20°C pour de la kodak Tri-X 400. Il faut au moins doubler les temps et/ou augmenter la température si on n’utilise pas de vitamine C. A priori ce révélateur est plus adapté pour des films de faible sensibilité (50 à 100 ISO) mais les durées semblent être sensiblement identiques pour traiter des films à 100 et 400 ISO.
    Agitation à votre guise, un peu, beaucoup ou pas du tout pour les amateurs du stand dev’. Pour ma part j’ai gardé ma méthode habituelle : une dizaine de retournements au début, puis 4 retournements toutes les minutes.
  • Rinçage à l’eau plusieurs fois, jusqu’à ce que le liquide sortant de la cuve soit bien clair. Puisqu’on rince généreusement à l’eau, j’ai considéré que le révélateur était bien évacué par ce rinçage et n’ai pas utilisé de produit jouant le rôle de bain d’arrêt.
  • Fixage classique.
  • Rinçage final classique.



Et enfin… le résultat !
Pour ce premier test, j’ai grillé une pellicule sur des sujets sans intérêt particulier, juste histoire de me faire la main. J’ai pris chaque sujet avec 3 expositions différentes : normale, sous exposée de -1 diaph, surexposée de +1 diaph. Difficile de se rendre bien compte des différences de rendu après passage des négatifs au scanner (surtout quand Monsieur Scanner décide de n’en faire qu’à sa tête et d’ajuster la luminosité et le contraste à sa guise et de manière différente pour chaque cliché…). Malgré tout, après plusieurs scans et après avoir bien observé les négatifs en lumière naturelle, il me semble que les photos exposées de manière normale et surexposées sont largement exploitables ; en revanche les photos sous exposées sont assez grises et molles. J’ose donc penser que ma durée de révélateur par rapport à la recette ne doit pas être trop mauvaise :) Le négatif garde une couleur légèrement sépia assez agréable.

C’est vraiment un premier test un peu à l’arrache, mais comme ça a marché du premier coup alors j’étais super contente, une vraie gamine un matin de Noël !
Il ne reste plus qu’à faire des photos mieux composées et à affiner les tests ! (désolée pour l’absence d’intérêt des photos, encore une fois c’était vraiment un test rapide à la maison !)

photo argentique procedes alternatifs revelateur cafe caffenol

photo argentique procedes alternatifs revelateur cafe caffenol

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Un peu de lecture pour ceux qui voudraient tenter l’aventure :