Lumières du Monde - Photographie - Les bases techniques

Photographie : les bases techniques
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La photo est un art à la fois simple et compliqué.
Simple, parce qu’elle obéit à quelques règles physiques de base ; une fois ces règles théoriques maîtrisées, vous aurez compris une bonne partie de la technique, et vous ne pourrez quasiment plus "louper" une photo.
Compliqué, car le "petit plus", ce qui va faire la différence entre une simple photo souvenir et une photo plus artistique, est le plus difficile (du moins à mes yeux). C’est l’art de la composition, le cadrage, qui obéissent eux aussi à certaines règles (disons plutôt des conseils), mais restent des éléments subjectifs. C’est là où la sensibilité, la créativité et le côté artistique du photographe vont intervenir.
Ajoutons à cela le post-traitement, qui existait déjà en argentique, mais qui devient de plus en plus courant pour le photographe numérique, et nous avons donc devant nous un vaste sujet dont les discussions peuvent facilement vous occuper pendant les dîners de famille, un dimanche pluvieux de novembre...


Le but de cette page n’est pas de faire une liste exhaustive des techniques et conseils photos. Les centaines d’ouvrages existant sur le sujet feront le travail bien mieux que moi. Ces quelques lignes sont simplement faites pour éclairer l’internaute lambda débutant, et pour vous donner envie d’approfondir un peu le mode d’emploi de votre appareil et de sortir du mode "tout automatique".



Principe de fonctionnement d’un appareil photo

Commençons par la description d’un appareil photo.



Schéma de principe d'un appareil photo - Source : Magalie Ducros

Grosso modo, un appareil photo comprend toujours les éléments suivants :

Lorsqu’on appuie sur le déclencheur, celui-ci va provoquer l’ouverture de l’obturateur. La lumière va passer à travers l’objectif et le diaphragme, jusqu’au film ou au capteur, afin de former l’image. Puis l’obturateur se referme : ça y est, vous avez pris votre photo !



Objectif et distance focale

L’objectif est le système optique situé tout à l’avant de l’appareil. Il est composé de plusieurs lentilles. Il est caractérisé par sa distance focale exprimée en millimètres (plus rapidement appelée focale), qui va déterminer le grossissement. La plupart des objectifs ont des distances focales variables : ce sont les fameux zooms !

Plus la focale est faible, moins le grossissement est important, et plus on couvre un large champ de vision ; c’est ce qu’on appelle un "grand angle". Au contraire, plus la focale est longue (cas de téléobjectifs), plus on grossit une partie de l’image : on zoome !


Pour l’anecdote, les valeurs minimales et maximales de l’objectif sont généralement inscrites sur celui-ci. Cependant, le grossissement final dépend aussi de la taille du capteur, qui varie selon les modèles et les marques des appareils (les capteurs plus grands sont plus aptes à produire des images de bonne qualité). Afin de pouvoir comparer les objectifs entre eux, on a donc intérêt à multiplier cette focale par un certain chiffre, pour obtenir une valeur en "équivalent 24x36" aussi appelé "équivalent 35 mm". Cette valeur correspond à la focale équivalente sur un appareil argentique possédant une pellicule classique de 35 mm de large.
A noter que pour appareils compacts et les bridges, les valeurs marquées sur l’objectif sont données implicitement en "équivalent 35 mm". Au contraire, pour les reflex, les focales sont toutes indiquées dans leur "vraies" valeurs : il faudra donc les multiplier par ce fameux coefficient pour comparer les focales entre elles sur deux appareils différents. Pour la majorité des appareils reflex amateurs, chez Nikon et Pentax ce coefficient vaut 1.5, chez Canon il vaut 1.6 et chez Olympus il vaut 2. Il existe également d’autre reflex dits "plein format" ou "full frame" dont le coefficient vaut 1. C’est la Rolls du reflex... mais généralement votre banquier ne l’apprécie pas trop !


Bref, revenons à notre zoom. Pour prendre une photo d’un détail, on a donc le choix entre prendre la photo de loin et zoomer avec l’objectif, ou bien s’approcher et utiliser une plus faible focale. Cependant, si le sujet aura la même taille sur la photo, la perspective en revanche sera totalement différente selon la distance entre l’appareil et le sujet. Une image prise avec une focale importante a tendance à aplatir ou écraser les perspectives, les éléments paraîtront beaucoup plus rapprochés.
A taille de sujet égale sur la photo, le rendu sera donc différent selon si le photographe s’approche du sujet, ou bien si il reste statique et n’utilise que son zoom.



L’exposition : vitesse, diaphragme, sensibilité

C’est le coeur de la prise photo et de la technique. Accrochez-vous, prenez votre temps, tout va bien se passer !


Pour réussir une photo, on va vouloir "l’exposer" correctement, c’est-à-dire faire entrer une certaine quantité de lumière, de façon à ne pas avoir une photo trop sombre ("sous exposée") ni trop claire ("surexposée" ou "surex" dans le jargon). La luminosité de l’image finale dépend de 3 paramètres :

Voyons maintenant un peu plus en détail chacun de ces paramètres.



La vitesse d’obturation correspond au temps pendant lequel l’obturateur s’ouvre afin de laisser entrer la lumière. En général cette durée est très courte et s’exprime en fraction de secondes : 1/125, 1/250, 1/500, 1/800, 1/1000ème de seconde etc. A chaque fois qu’on double le nombre au dénominateur de la fraction, on divise le temps de pose par deux donc on laisse passer deux fois moins de lumière. Par exemple 1/500 est un temps deux fois plus rapide que 1/250, il laissera entrer deux fois moins de lumière donc l’image sera deux fois moins lumineuse.


La quantité de lumière qui passe est également contrôlée par l’ouverture (ou inversement la fermeture) du diaphragme. On peut comparer le diaphragme à la pupille de l’œil. L’ouverture s’exprime sous la forme f/x, où x est un certain nombre. Par exemple f/2.8, f/8, f/11 etc. Plus le nombre est grand, plus l’ouverture est petite (ben oui c’est l’inverse c’est bête hein !) et donc moins le diaphragme laisse passer de lumière. Les nombres caractérisant l’ouverture suivent une suite géométrique. Entre chacune des valeurs suivantes, on réduit de moitié l’ouverture : f/1, f/1.4, f/2, f/2.8, f/4, f/5.6, f/8/, f/11, f/16, f/22 etc. Par exemple un diaphragme fermé à f/11 laisse passer deux fois moins de lumière qu’un diaphragme fermé à f/8.



Schéma d'un diaphragrame avec 3 ouvertures différentes,
du plus ouvert à gauche, au plus fermé à droite

En résumé, pour faire entrer une quantité de lumière donnée, on jouera principalement sur le couple vitesse/ouverture. Si simultanément on double la vitesse et on ouvre deux fois plus le diaphragme, alors l'image aura la même luminosité. Par exemple, un réglage avec une vitesse de 1/250 et une ouverture à f/11 laissera passer exactement la même quantité de lumière qu’un réglage à 1/500 et f /8 !


Quel intérêt alors d’avoir plusieurs réglages possibles pour le même résultat de luminosité ? En fait, on ne choisit pas tout à fait les valeurs du couple vitesse/ouverture au hasard.
Une vitesse rapide va nous permettre de "figer" le mouvement du sujet et d’éviter un flou (flou qui peut-être dû soit au sujet qui bouge, soit au photographe qui a la tremblotte !). On privilégiera donc une vitesse rapide pour les photos d’animaux, de sport, d’enfants qui courent etc. Dans ces cas-là, il faudra donc compenser cette vitesse rapide par un diaphragme un peu plus ouvert.
L’ouverture du diaphragme quant à elle permet de jouer non seulement sur la quantité de lumière, mais aussi sur la profondeur de champ. La profondeur de champ est la "distance de netteté". Si le diaphragme est ouvert, cette profondeur de champ est très faible, on va faire la netteté sur un point précis, tout ce qui est devant ou derrière sera flou : c’est ce que l’on recherche pour les portraits par exemple, afin de mettre en valeur le visage de la personne par rapport à l’arrière plan. Au contraire si le diaphragme est fermé alors la profondeur de champ sera importante : c’est ce que l’on cherche pour les paysages afin que l’ensemble de la photo soit net, du premier au dernier plan. Pour compenser cette fermeture du diaphragme, il faudra donc choisir une vitesse un peu plus lente. Nous reviendrons sur cette notion de profondeur de champ plus loin...


Comparaison d'une photo avec deux ouvertures différentes : la profondeur de champ varie.
A gauche le diaphragme est très fermé (f/32), la profondeur de champ est grande : le fond est bien visible. A droite le diaphragme est ouvert (f/5), l'arrière plan est flou, la fleur est mieux mise en valeur. Images sous license Creative Commons

Ça y est, vous savez régler le couple vitesse/ouverture ! Vous avez fait le plus dur !
Prêt pour la suite ?


Il existe un dernier réglage qu’on peut utiliser pour contrôler la luminosité de l’image : la sensibilité. Elle s’exprime par un nombre en ISO (ou ASA). Typiquement 100 ISO, 200 ISO, 400 ISO, 800 ISO etc. Plus le nombre est élevé, plus la sensibilité est grande, moins on a besoin de faire entrer de la lumière via l'objectif et le couple vitesse/ouverture. Là encore, à chaque fois qu’on double la sensibilité, on a besoin de deux fois moins de lumière (donc une vitesse deux fois plus rapide ou un diaphragme deux fois plus fermé) et inversement. Par exemple, à ouverture de diaphragme égale, une photo avec une sensibilité de 200 ISO et vitesse 1/500, aura la même luminosité qu’une photo à 100 ISO et une vitesse de 1/250.


Quel est donc l’intérêt de ce troisième réglage pour la luminosité ? En fait l’augmentation de la sensibilité entraîne souvent la présence de "grain" ou de "bruit" sur l’image. Pour une qualité optimale, on essaye donc souvent de travailler avec une faible sensibilité (faible valeur en ISO). On augmentera la sensibilité pour des photos où la lumière est faible (nuit, intérieur), ce qui nous permet donc d’avoir une vitesse un peu plus rapide afin d’éviter les flous, mais favorisera malheureusement l'apparition de bruit. Certains photographes recherchent cependant la présence de ce grain, surtout pour les portraits, et augmenteront donc volontairement la sensibilité.



Illustration d'une même photo avec deux sensibilités différentes.
A gauche faible valeur de sensibilité, peu de grain
A droite la sensibilité est plus élevée, le grain apparaît.
Images de Petteri Sulonen sous license Creative Commons

En résumé : la vitesse, l’ouverture du diaphragme et la sensibilité influencent la luminosité de l’image. L’image est d’autant plus lumineuse qu’on choisit une vitesse faible, une grande ouverture et une grande sensibilité. Mais chacun de ces 3 paramètres joue également sur un autre aspect de la photo :

Si vous arrivez à comprendre le triplet vitesse/ouverture/sensibilité, alors vous maîtrisez l’essentiel de la technique photographique de base. Vous avez fait le plus dur !
Maintenant, amusez-vous à bidouiller ces 3 réglages sur votre appareil !



Illustration de l'effet de l'ouverture (aperture), vitesse d'obturation (shutter speed) et sensibilité ISO.
source : hamburger-fotospots.de.


La profondeur de champ

Revenons un instant sur cette notion de profondeur de champ. Comme dit précédemment, la profondeur de champ est la distance entre le point le plus rapproché et le point le plus éloigné dont l'appareil fournit une image nette. Pour la petite histoire, sachez qu’elle n'est pas également répartie de part et d'autre de la distance de mise au point : en effet, elle est répartie à 1/3 devant le sujet et à 2/3 derrière le sujet.
Comme vous l’avez vu dans le paragraphe précédent, cette profondeur de champ dépend notamment de l’ouverture du diaphragme, mais pas seulement.
En fait, la profondeur de champ dépend surtout de 3 paramètres :

Pour mettre en valeur une partie seulement de la photo (portrait par exemple), on essayera d’avoir une profondeur de champ assez faible. Au contraire pour apprécier toute l’étendue d’un paysage, on privilégiera les grandes profondeurs de champ.



Le cadrage

Enfin des choses un peu moins techniques ! Le cadrage est une affaire de goût et doit être adapté au cas par cas. Cependant, il existe certaines règles simples, qui facilitent la "lecture" d’une photo, ou renforcent son impact.

L’oeil "lit" la photo de gauche à droite et de haut en bas.

On a toujours tendance à positionner instinctivement son sujet au centre de la photo. Cependant, l’oeil cherche plutôt un des quatre points forts de l’image. Divisez votre photo en traçant 2 lignes verticales, et 2 lignes horizontales équidistantes: les points forts sont les intersections de ces lignes. C’est donc là où on essayera de placer le sujet principal de la photo. De même pour les surfaces : par exemple un horizon se placera sur la ligne délimitant le tiers du bas ou le tiers du haut. Attention également à l’horizontalité de l’horizon, ou à la verticalité des immeubles !



La règle des tiers et les points forts de l'image.

On peut également jouer sur les lignes : les diagonales dynamisent la photo par exemple.
Pour les portraits, on fera attention au regard : le regard ne doit pas être "bloqué" sur un bord de la photo mais au contraire avoir de la place devant et s’ouvrir sur le reste de la composition.
Enfin, un premier plan donnera de la profondeur à une photo, surtout pour les paysages.


Cependant, ces règles ne sont pas figées et peuvent tout à fait être transgressées si le sujet le nécessite, ou selon le message que souhaite faire passer le photographe.


Maintenant, tous à vos appareils et amusez-vous bien !


Quelques liens pour en savoir plus :
Le blog de Lise qui reprend rapidement quelques-uns des points évoqués ici.
Apprendre la photographie, par Thierry Dehesdin : quelques pages très complètes, très bien expliquées, et illustrées de plusieurs exemples : une référence à voir !
100iso Photographie : une autre page riche en explications, qui aborde aussi la notion de lumière (température de couleur, éclairage...) et d'hyperfocale.
Et il en existe des centaines d'autres !


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